Kindle et Android : la fin d'une époque pour l'ebook
 




À compter de ce 1er juin, Amazon a supprimé toute possibilité d'acheter des livres numériques dans son application Kindle Android. Une décision résultant des stratégies que les GAFAM déploient dans leur affrontement économico-internautique. L'application iOS fut privée de cette solution pour les mêmes raisons dès 2011 mais pour Android, une forme de résistance s'installe.
Fermez la porte, on passera par la fenêtre. Fermez la fenêtre, on trouvera tout de même. Ce 1er juin, les utilisateurs d’appareils Android, smartphones ou tablettes, et clients d’Amazon, ont découvert le changement, annoncé de longue date. L’application Kindle ne dispose plus d’option d’achat — réponse aux contraintes commerciales qu’exerce Google sur son environnement. Une bisbille entre géants du net, qui ne fait pas trembler la terre, mais agace passablement les usagers et lecteurs.
 
Touche pas au grisbi !
 

L’application Kindle permettait de se procurer des zibouks, mais de ce fait, aurait dû reverser une commission de 30 % à Google sur chaque vente. Certes, Amazon adore le dumping, mais la vente à perte n’est tolérable qu’à compter du moment où elle profite à l’entreprise. L'obligation posée par Google de mise en conformité ne convenait donc plus au cyberlibraire, qui préfère perdre des ventes plutôt que reverser des sommes à un concurrent. Selon nos tests, l’application dans sa version française est toujours opérationnelle : l’achat en un clic fonctionne parfaitement, nous en avons ainsi profité pour nous offrir La vie rêvée des chaussettes orphelines, de Marie Vareille. Hop, ça c’est fait.
 
D’autres territoires seraient également concernés, non du fait de la volonté propre d’Amazon, mais des aménagements qu’a consentis Google. En effet, la firme a accordé des délais repoussant à octobre 2022… pour les développeurs indiens. Cette extension doit favoriser et simplifier la transition de sorte que soient mises en place des solutions de paiements numériques adaptées, précisait Google.

Pourquoi la France bénéficie-t-elle également d’une rallonge ? Nous avons sollicité Amazon pour obtenir quelques précisions, mais de toute évidence, la filiale n'est pas pressée d'apporter des réponses. De là l’incompréhension : pourquoi supprimer la vente dans l'app US et la maintenir dans l'app française – sinon à laisser entendre que les ventes sont tellement dérisoires que la modification coûterait plus cher que la commission Google ? Ou une question de contrats les liant aux éditeurs – puisque ces dernières diffèrent selon les territoires….
 
Une régle pour tous
 

Luc Bourcier, PGD de izneo, application de lecture et cyberlibraire, spécialisée dans la BD numérique précise : « Il y a la volonté affichée par Google de faire strictement respecter ces règles. Cela fait d’ailleurs plusieurs mois qu’ils annoncent le renforcement des mesures visant à l’application plus stricte de leurs conditions de vente des contenus mis à disposition à travers les applications hébergées sur leur marché d’applications. »

Autrement dit, la règle de cette commission avait toujours existé, à travers un système d’achat in-app, avec reversement à Google — comme Apple l’avait déjà instauré. « De nombreux éditeurs d’applications outrepassent cette règle et font payer leurs utilisateurs en out-app, c’est-à-dire en réalité sur le web. Ce qui leur permet d’échapper aux commissions dues à Google. Visiblement, Google a décidé d’en finir avec cette tolérance. En cela, ils suivent donc Apple dans sa politique très stricte en matière d’in-app », reprend Luc Bourcier.

Depuis six années, izneo s’est mis en conformité avec les consignes — pas d’adaptation nécessaire ni de rébellion façon Amazon. « Le système mis en place par les marchés d’applications à un prix, il a aussi ses contraintes (nous faisons ainsi partie des rares éditeurs d’applications qui mettent à disposition des dizaines de milliers d’in-app offerts à la vente, ce qui n’était pas nécessairement anticipé par Apple et Google), mais il fonctionne », conclut le PDG de izneo.
 
Et la version mobile de resurgir
 

L’application Kindle pour iOS, l’application Kindle pour Android et l’application Amazon pour iOS et Android ne sont pas compatibles avec les achats in-app pour les livres Kindle. Les clients doivent effectuer leurs achats sur un navigateur Web », indique Amazon, en dépit du bons sens, sur son site français. Car les faits s'avèrent assez bornés : l’achat en 1-click demeure pleinement accessible sur la version Android.

Reste donc que pour se fournir, l’unique solution dont les lecteurs américains disposeront — les premiers touchés —, sera de passer par le Kindle Store, depuis un navigateur. La démarche est moins confortable, malgré un résultat similaire, d’autant que la synchronisation multi-appareil garantira de profiter de son livre rapidement.

D’ailleurs, même punition pour l’application Audible, consacrée aux audiolivres, avec quelques nuances. En effet, il faudra passer par un navigateur pour des achats directs, mais il sera toujours possible d’utiliser les crédits de son compte pour acheter dans l’application. Jusqu’à épuisement des ressources. Il semble toutefois que l’achat de crédits supplémentaires reste possible dans l’application, pour l’heure.
 
 
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