La fermeture des libraires dAmazon aux Etats-Unis
 




En pleine guerre russo-ukrainienne, l’annonce par Amazon de la fermeture aux Etats-Unis de toutes ses librairies physiques est plutôt passée inaperçue, sauf peut-être chez les libraires. Car cette décision est symbolique : en fermant quelques dizaines de librairies, le rouleau compresseur Amazon fait marche arrière. C’est suffisamment rare pour être souligné.

Pour autant, ne nous méprenons pas, le géant du commerce en ligne n’est pas en difficulté. Loin de là. Jamais la société créée par Jeff Bezos n’a été aussi puissante. Elle compte plus d’un million de salariés dans le monde et engrange en 3 mois plus de chiffre d’affaires que le groupe Carrefour en un an. Amazon est un ogre qui double de taille tous les quatre ans.
Pourquoi ferme-t-il ses librairies ?
 
Parce que visiblement, il n’a pas trouvé la martingale pour vendre plus et mieux que les libraires. Il n’a pourtant pas ménagé ses efforts. Fidèle à sa réputation, Amazon a tenté d’innover pour se distinguer des librairies existantes en ne proposant dans ses magasins que les livres les mieux notés sur son site. L’idée est originale mais n’a pas donné les résultats escomptés. En tout cas pas suffisamment pour qu’Amazon continue à développer son réseau. En clair, Amazon sait vendre des livres mais peine à devenir un libraire.
 
Les libraires sont donc plus forts qu’Amazon…
 
Ne nous emballons pas mais il est intéressant de voir que le livre et les libraires, que l’on pouvait penser particulièrement vulnérables, résistent plutôt mieux que les autres produits culturels à la vague numérique. C’est particulièrement vrai en France. Les libraires indépendants détiennent encore 40 % du marché et affichent des croissances... de GAFA. En 2020, leurs recettes ont progressé de près de 20 % comparées à l'avant-crise. Les clients assouvissent leur appétit de lecture chez leur libraire parce qu'ils ont de sérieux atouts comme la proximité, les conseils… Et surtout ils ont su effacer leurs handicaps notamment en déployant le click and collect pour offrir à leurs clients tous les livres en catalogue -autrement dit la même offre qu’Amazon- et les servir sur une plage horaire étendue. Les plus ambitieux, en France ou à l’étranger, offrent plus que des livres. Certaines librairies sont devenues de vrais lieux culturels, de lecture ou de restauration. Nos libraires se sont clairement remis en question. Et ça marche.
 
Le livre électronique, la menace pour les libraires ?
 
Les éditeurs ont réussi à s’entendre pour ne pas brader leurs droits. Il suffit de regarder le site Amazon : le prix des livres numériques n’est pas beaucoup moins cher que la version papier. L’édition poche se vend au même prix que l’édition numérique. Le livre électronique progresse c’est indéniable – il représente environ 10% des ventes de livres en France- mais sa croissance est plutôt modérée.
 
 
Url de référence : La chronique eco du samedi 12 mars
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