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07/10/2020
Url de référence : La dure loi des marches publics
Copyright : https://actualitte.com
Signature : Antoine Oury
 
 
La dure loi des marchés publics
 



Les marchés publics préoccupent les libraires depuis des années, mais un peu plus en période de crise : les achats de livres des bibliothèques représentent un poids considérable dans le chiffre d'affaires de certaines boutiques, et la perte d'un de ses marchés les place dans des situations délicates. La concurrence est devenue plus dure, et les très grandes librairies tirent souvent leur épingle du jeu, au détriment d'établissements plus fragiles.
 
Les Troisièmes Rencontres nationales de la librairie ont permis à Hervé Renard, adjoint au chef du département de l'économie du livre au ministère de la Culture, et Éléonore Clavreul, spécialiste du monde non marchand et du secteur public, de présenter les dernières données disponibles en matière de marché public des bibliothèques, mesurables depuis la mise en place d'une loi pour le droit de prêt en bibliothèques.

L'intégralité du document est disponible en fin d'article, mais on retiendra avant tout que les achats de livres en bibliothèques sont un marché largement dominé par la librairie (70 % de PdM). Toutefois, l'évolution la plus frappante concerne le type de librairies impliquées dans la fourniture de livres aux bibliothèques.
 
 
 
Comme le signale le graphique ci-dessus, les très grandes librairies (chiffre d'affaires supérieur à 12 millions €) se démarquent puisqu'elles représentent la seule catégorie en hausse, particulièrement auprès des bibliothèques de l'enseignement supérieur et des bibliothèques départementales de prêt, au détriment des librairies de chaîne et des librairies générales. Les librairies spécialisées, particulièrement en bande dessinée, résistent bien, souligne le ministère de la Culture.

La montée en puissance des très grandes librairies dans la fourniture des livres aux bibliothèques est bien connue au sein de la profession : le code des marchés publics est très strict, y compris au niveau européen, et la prise en compte du critère de proximité est interdite. Autrement dit, une librairie à quelques kilomètres d'un établissement de prêt assiste parfois à la fourniture de livres par un confrère à 300 kilomètres de là...

Pour preuve, la distance moyenne entre le fournisseur et l'établissement de prêt concernée augmente, de 100 km en 2005 à 124 km en 2012, avec de très grandes librairies qui ne sont généralement pas comprises dans un périmètre de proximité.
 
Donner la bonne réponse, et remporter la mise
 
La définition d'un marché public est un exercice assez délicat, qui implique à la fois les bibliothécaires et les services administratifs de la collectivité concernée. En gros, les bibliothécaires définissent les besoins, et les services juridiques vérifient la conformité avec les règles applicables. Si l'ensemble de la procédure paraît assez strict, il existe en fait des moyens de contourner certains impératifs.

Ainsi, rapporte Tristan Wallet, de la médiathèque La Corderie de Marcq-en-Barœul, la réactivation d'un fonds de littératures policières et fantastiques peut être l'occasion de se tourner vers un libraire spécialisé, plutôt qu'un grossiste. « La création d'un lot spécifique pour un libraire de Lille nous a permis de découvrir une nouvelle manière de travailler, avec un dialogue plus poussé », souligne-t-il. À 15 minutes en voiture de Lille, le retrait en librairie a même pu être mis en place.

Cependant, aucun critère de proximité n'est entré en jeu : les bibliothécaires ont simplement précisé que l'expérience du libraire était nécessaire, tout comme l'animation ou la nécessité de se rencontrer régulièrement pour développer des actions communes autour de la lecture. Autant de critères qui changent la donne, lorsqu'une grande librairie située à plusieurs centaines de kilomètres souhaite y répondre. Côté libraire, la qualité des réponses est à soigner, quand celles des grandes librairies sont souvent standardisées.
 
Sur certains points, il semble difficile de s'entendre, notamment celui des livraisons : « Il est préférable de répondre à des demandes de délais précises plutôt qu'à une question ouverte sur les délais de livraison », souligne ainsi Ariane Tapinos, libraire à Bordeaux, qui déplore par ailleurs que le libraire ait absorbé seul le coût de la livraison. Dans le second cas, il n'est pas rare que les très grandes libraires jouent la surenchère, avec des délais ridiculement courts, face à des libraires aux effectifs moindres.

Côté médiathécaires, on aimerait une plateforme de gestion et d'observation des commandes, pour rendre un service plus précis aux usagers : les libraires les invitent à adopter Éléctre, mais le prix de l'outil rebute évidemment des établissements publics déjà pris à la gorge au niveau budgétaire...

La seule évidence, selon les professionnels, reste celle de la collaboration entre des acteurs fragilisés de la chaîne du livre, pour que les uns connaissent les besoins des autres, et vice-versa. Un vade-mecum du ministère sur le sujet, un peu daté, est toujours disponible (ne pas oublier la mise à jour pour les taux de TVA et les seuils).

Enfin, les libraires sont invités à ne pas négliger les déclarations de vente de livres aux organismes de prêt, plutôt lentes à arriver lorsqu'elles sont envoyées... Il ne manquerait plus que les auteurs, eux aussi, se mêlent des marchés publics...
 
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