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10/12/2020
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Signature : Grégoire Leménager
 
 
Google, iPhone, tablette... la panoplie de l'écrivain sans papier
 





Alors qu'il publie un remarquable abécédaire, François Bon, pionnier du web littéraire, commente pour "l'Obs" ses outils d'écrivain du XXIe siècle.

Dans sa belle « Autobiographie des objets», François Bon se rappelait son Atari 1040 acheté en 1988. Dans «Fragments du dedans», passionnant abécédaire dont le titre doit plus à Henri Michaux qu'à Bill Gates, il est à la fois question de l'alphabet, «rétif comme un animal», de «fric», ce mot qui «rend vulgaire l'insolence de ceux qui l'étaient», ou encore de l'équilibre («la marche même commence par un déséquilibre»). 

Mais ce pionnier de l'édition numérique y évoque aussi les rapports entre la lecture et le dériveur, notamment sur un internet qui, comme l'univers, n'a «pas de bords». Et, partout, sans même ressentir le besoin d'en faire les mots vedettes de son livre, il mentionne la liseuse qui l'accompagne au lit, le stylo qu'il n'embarque plus dans son sac («qu'est-ce que j'aurais eu l'impression d'être nu, autrefois»), le passage du cahier à l'écran.

Tout se passe chez lui, au fond, comme si les outils numériques lui étaient devenus aussi naturels qu'aux étudiants de Sciences-Po qui, pendant ses ateliers d'écriture, ont toujours «trois ou quatre trucs ouverts sur leurs ordis». Pour «l'Obs», il commente sa panoplie d'écrivain du XXIe siècle. 
 
Ordinateur
 

« J'ai un tout petit MacBook 13 pouces avec un écran Retina. Du coup au lieu de travailler à mon bureau sur ma grande dalle (un écran externe 27 pouces), à la maison je travaille debout: je pose mon petit ordi sur un pupitre de musicien. C'est comme écrire directement dans le format livre sans passer par le format feuille de la machine à écrire.

Donc dans la journée, moi, c'est l'ordi. Le mien est assez petit, avec une bonne batterie, pour que je l'aie tout le temps avec moi. C'est mon carnet d'écriture, avec des outils de notation instantanée comme Notational Velocity dont je me sers énormément. Ça suppose un changement mental.

Mais j'ai toujours besoin du clavier, d'enfoncer des touches: ça n'a l'air de rien, mais jamais on n'a écrit autrement qu'en gravant, en insérant ou en déposant des gouttelettes d'encre. Il faut s'interroger sur ce que les nouveaux outils numériques changent dans l'écriture: ne plus faire de clic, par exemple, ou juste glisser le doigt.»
 
Liseuse
 

« Sur l'ordi, je lis beaucoup. Mais pas au lit. Le soir, j'ai soit un Kindle classique soit un Kindle fire. Evidemment, tout n'est pas numérisé - rien pour Henri Michaux, c'est un scandale. Je suis donc forcé de garder un rapport au livre papier, mais c'est un pis-aller: je privilégie la lecture numérique.

Pour les yeux, mieux vaut lire sur liseuse que sur tablette, mais c'est bourrin comme fonctionnement: on ne peut pas sortir du texte. Or pour moi, lire connecté n'est pas une atteinte à la concentration. Dans le «chantier Lovecraft» où je suis actuellement, quand il est question de la grève de la police en 1919 à Boston, j'ai besoin d'aller chercher des images, des documents sur cette grève. Avec le web, j'ai donc une lecture plus dense, plus arborescente.

J'ai 60 balais, je suis un peu hors du coup, mais j'ai l'impression que, mentalement, on sait gérer cette profusion. Dans la littérature, on est de toute façon toujours perdu. Avec Kafka, on se perd dans une phrase, un mot. Et pour moi la lecture - une addiction bien avant internet - a toujours été quelque chose d'ouvert. Lire, c'est entendre le bruit du vent dans les arbres, recopier des phrases sur un carnet, etc.»
 
iPhone
 
« L'écran du mien est pété, je pense que ça m'évite l'addiction. Mais je me sers beaucoup d'Instagram. Et puis quand je lis un livre papier, je pose souvent mon iPhone à l'intérieur. Je pense à un Russe qui publie chez Verdier, Vassili Golovanov: il y a plein de noms de lieux chez lui, l'iPhone me sert à les situer.»
 
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